
"C'est pour les Éditions du Scorpion que Raymond Queneau écrivit On est toujours trop bon avec les femmes qu'il signa Sally Mara. La recette était celle qui assurait le succès des feuilletons du journal Samedi soir : des romans exotiques, actifs et un tantinet soit peu coquins. Contrairement à Boris Vian pour J'irai cracher sur vos tombes, Queneau choisit la parodie et prend ses distances avec le genre ; son Irlande en révolution est de fantaisie et ses révolutionnaires, comme en témoigne leur cri de guerre, Finnegans wake !, sortent tout droit de la république des Lettres ; ce qui ne les empêche pas de boire force ouisquis et de tirer d'innombrables coups. Dans le Journal intime, paru ensuite, la quantité de cadavres est considérablement moins importante (la quantité de coups aussi) mais le texte est notablement plus pervers et partant plus coquin. Queneau y fait la preuve de son goût pour la liberté et les langues difficiles et s'exerce à peindre de l'intérieur une pucelle délurée montée en graine qui pourrait bien être une grande sœur de Zazie. Profitant de l'édition des Œuvres complètes de 1962, Queneau a rassemblé sous le titre de Sally plus intime quelques "foutaises" auparavant parues dans Temps mêlés. Sur le solide terreau des plus robustes calembours on y voit pousser ici et là de merveilleuses petites fleurs bleues." Paul Fournel On est toujours trop bon avec les femmes a été publié pour la première fois en 1947 ; Journal intime en 1950. L'ensemble a été réuni pour la première fois en 1962 par Raymond Queneau.
Author

Novelist, poet, and critic Raymond Queneau, was born in Le Havre in 1903, and went to Paris when he was 17. For some time he joined André Breton's Surrealist group, but after only a brief stint he dissociated himself. Now, seeing Queneau's work in retrospect, it seems inevitable. The Surrealists tried to achieve a sort of pure expression from the unconscious, without mediation of the author's self-aware "persona." Queneau's texts, on the contrary, are quite deliberate products of the author's conscious mind, of his memory, and his intentionality. Although Queneau's novels give an impression of enormous spontaneity, they were in fact painstakingly conceived in every small detail. He even once remarked that he simply could not leave to hazard the task of determining the number of chapters of a book. Talking about his first novel, Le Chiendent (usually translated as The Bark Tree), he pointed out that it had 91 sections, because 91 was the sum of the first 13 numbers, and also the product of two numbers he was particularly fond of: 7 and 13.